Agriculture : La jeunesse prend la relève ! 48% des chefs d’exploitation* auront atteint l’âge de départ en retraite d’ici 2030. Un enjeu de taille, lorsque l’on sait qu’il faudrait 20.000 jeunes par an pour compenser ces départs. Parmi les personnes qui font le choix de l’agriculture, on distingue celles qui s’installent dans un cadre familial, et celles qui reprennent une exploitation sans lien familial avec le cédant. Les motivations et les parcours des uns et des autres diffèrent mais la passion de la terre et du métier est bien la même pour tous. Rencontre avec Mathilde, Myriam, Augustin, Romain et Simon, 5 jeunes du Sud Touraine bien dans leurs bottes. Mathilde Joubert à Perrusson La famille Joubert élève des vaches laitières au « Chanvre » à Perrusson depuis 1909. À 27 ans, Mathilde Joubert s’apprête à reprendre des parts dans l’entreprise familiale. Depuis 5 générations, les Joubert se transmettent l’exploitation des terres et l’élevage du troupeau de vaches laitières. Les parents de Mathilde travaillent sur l’exploitation, et Régis, l’oncle de Mathilde, est parti à la retraite en 2022. Dès 2020, Mathilde savait qu’il fallait faire un choix : rejoindre l’exploitation familiale ou pas ? « Au départ, je n’avais pas envie d’être agricultrice, je trouvais que l’élevage était contraignant. J’aimais quand même la nature et j’ai fait des études au Lycée Agricole de Fondettes, puis un BTS en production animale en Normandie, finalement l’élevage m’a plu. J’ai étudié en Angleterre pendant un an, ce qui m’a permis de découvrir d’autres systèmes. Ensuite j’ai fait une licence pro dans l’Aveyron et enfin trois ans d’école d’ingénieur agronome pendant lesquels j’étais en stage à la Chambre d’Agriculture d’Indre-et-Loire. Pendant mes études, l’entrepreneuriat a commencé à me tenter, et en 2020, deux ans avant le départ à la retraite de mon oncle, je me suis dit : je me lance ! », raconte Mathilde, salariée de l’entreprise familiale depuis septembre 2022, elle reprendra des parts dans la société en 2024. « Le fait de reprendre l’exploitation familiale n’était pas mon moteur mais c’est vrai que c’est un cadre favorable. Mon père et mon oncle connaissent les lieux par cœur, d’un point de vue technique, ils peuvent apporter leur aide dans beaucoup de situations. Ce métier me plait vraiment, il allie travail physique et intellectuel, c’est une des spécificités du milieu agricole. » Romain Palfart à Loché-sur-Indrois A 37 ans, Romain Palfart a repris l’exploitation agricole de ses parents à Loché-sur-Indrois. Un choix qui ne s’imposait pas lorsqu’il était plus jeune. Originaires du Pas-de-Calais, les parents de Romain Palfart se sont installés à Loché-sur-Indrois en 1986 avec 50 hectares. Ils ont acquis de nouvelles terres et élevaient aussi des volailles. « En 2018, mes parents m’ont demandé si la reprise de la partie élevage pourrait m’intéresser mais je n’ai pas cette fibre, l’élevage est très contraignant et j’avais aussi envie d’avoir une vie sociale », exprime Romain qui ne rêvait pas de reprendre l’exploitation lorsqu’il était plus jeune. « Je ne souhaitais pas faire comme mes parents, je voulais voir autre chose. J’ai fait des études de commerce, j’ai vécu dans plusieurs villes en France mais aussi en Islande et à Londres », raconte Romain qui a travaillé à Paris pendant plusieurs années dans le secteur agricole mais côté commercial. Quand la question de la transmission s’est posée, Romain est revenu sur ses a priori de jeunesse, « je voulais être à mon compte, l’agriculture est un beau métier, le cadre est très agréable et on produit quelque chose de concret », ajoute-t-il. En février 2022, il a repris l’exploitation et cultive des céréales sur 210 hectares. « Je loue les terres et je n’ai pas eu à investir dans la maison. La transmission dans un cadre familial facilite les choses, le prix de vente correspond à un juste équilibre pour que tout le monde s’y retrouve. Je profite aussi des 35 années d’expérience de mes parents et ça n’a pas de prix », exprime Romain très heureux et fier de sa vie d’agriculteur. « Reprendre l’exploitation familiale, c’est une fierté mais pas le moteur de mon choix » « Je profite aussi des 35 années d’expérience de mes parents et ça n’a pas de prix ! » *chiffres Mutualité Sociale Agricole (MSA) 2023 terre commune 18 Aménager, entretenir et préserver notre ruralité.
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