80 ans de la Libération Sylvie Pouliquen remet les femmes au premier plan Historienne, ancienne directrice de la MaisonMusée René Descartes, Sylvie Pouliquen remet en lumière des résistantes tourangelles injustement oubliées de l’histoire. « Dans ma famille, les femmes sont formidables. Ma mère, infirmière allant chercher les blessés sous les bombes, et ma grand-mère, cuisinière de haute volée, ont été résistantes. Mon père est devenu ouvrier aux usines Renault de Boulogne-Billancourt à l’âge de 13 ans comme mouleurfondeur. En 1939, le gouvernement Daladier l’a emprisonné durant six mois pour son engagement politique aux côtés du Parti communiste. Il a fait partie du premier maquis Francs-Tireurs et Partisans en région parisienne. En juillet 1942, il est arrêté après l’attaque de la mairie de Brétigny-sur-Orge. En 1943, il sera déporté à Mauthausen, puis à l’usine d’armement de Steyr d’où il sera envoyé au camp disciplinaire de Gusen pour avoir saboté la production ; et enfin, il sera délivré par les GI en mai 1945 après avoir survécu aux « marches de la mort. » Ma mère et ma grand-mère continueront leurs actions durant son absence. » Cette voix est celle de Sylvie Pouliquen, historienne née en 1957 en Bourgogne. « Aujourd’hui, je poursuis cette lignée en étant dépositaire de leur parole. Mon père a beaucoup parlé, et je l’en remercie, même si c’était très lourd pour moi, alors petite fille. » « Rendre hommage à ma famille » À 20 ans, Sylvie Pouliquen s’intéresse au Moyen-Âge au Centre d’études supérieures de la Renaissance à Tours, avant de s’engager dans un doctorat en Histoire et Civilisation. C’est à ce moment qu’elle s’installe en Sud Touraine. Elle y prendra notamment la direction de la Maison-Musée René Descartes entre 2006 et 2022. En 2012, son histoire la rattrape lorsqu’elle se joint au photographe Jean-Paul Paireault pour rédiger L’Album de la Résistance. « J’y ai vu comme un signe me disant qu’il était temps de rendre hommage à ma famille, de montrer aussi que j’étais à la hauteur. Écrire cette histoire fut très douloureux. » Elle appréciera pourtant d’apporter son regard d’historienne au roman familial. « À un moment, j’ai subi un blocage m’empêchant de continuer. C’était à la date de juillet 1942 et j’ai réalisé qu’elle correspondait à l’arrestation de mon père ! » Il deviendra alors évident de consacrer deux pages à leur histoire. À ce moment, sa mère lui révèlera son pseudonyme de résistante, « Amélie »... D’autres ouvrages suivront : Maquis de France (éd. De Borée), puis Femmes et Hommes de l’ombre (éd. PBCO). Des conférences aussi comme à Descartes et Genillé sur des femmes figures de la Résistance en Sud Touraine... Ses ouvrages consacrés aux Dames de Touraine ont également marqué les esprits. Ne manquez pas le dernier, Les Maquisards en action, 1943-1944 (illustrations J.-P. Paireault) qui parait ces jours-ci ! Et ses recherches sur les femmes continuent... on les soutient ! Le Château de Boussay est depuis 1 000 ans dans la même famille. Cela valait bien une fête. Elle fut organisée cet été en présence de plusieurs milliers de visiteurs, dont de nombreuses familles. Évidemment. Comment concevoir un gâteau d’anniversaire avec 1 000 bougies ? Et qui pour les souffler ? Si une aussi exubérante pâtisserie existait, nul doute que les bougies auraient été conjointement soufflées par Marc et Gilles de Becdelièvre, les copropriétaires du Château de Boussay. Les 17 et 18 août derniers, les deux frères ont fêté les 1 000 années de présence de leur famille sur le site, le tout à travers des expositions et animations historiques, des jeux, des conférences et un superbe mapping à la nuit tombée sur la façade de l’édifice. Un événement résolument familial selon le souhait des organisateurs, la famille Becdelièvre et Olivier Roucher, président de l’association « J’ai mille ans » aux manettes de cette célébration. Château de famille et de village Ce château atypique, lové entre ses douves, porte logiquement les marques du temps. Néanmoins, l’écrin formé par le petit village de Boussay, la seconde enveloppe du château, lui donne un charme paradoxalement intemporel. « Cette fête se voulait aussi un outil de cohésion locale », précise Marc de Becdelièvre, également maire de la commune, qui s’est installé dans le château après une carrière militaire, une demeure qu’il partage aujourd’hui avec son frère. C’est en 2019 qu’est créée l’association « J’ai mille ans » pour fêter ce millénaire. L’association vit avec le soutien de ses 340 adhérents et l’aide de collectivités comme Loches Sud Touraine et le Conseil Départemental d’Indre-etLoire. « Un château aux mains de la même famille depuis 1 000 ans, c’est exceptionnel. Nous ne sommes que quelques-uns dans ce cas de figure en France. Même la Révolution française n’a pas réussi à nous déloger de Boussay ! », commente Marc de Becdelièvre. L’avenir est aujourd’hui entre les mains de la jeune génération. Poursuivront-ils cette aventure humaine ? « Rien n’est écrit, conclut-il, mais nos enfants sont plus ambitieux et imaginatifs que leurs pères ! » www.chateaudeboussay.fr chateaudeBoussay37 chateaudeboussay Marc de Becdelièvre à droite avec une partie des membres de l’association « J’ai mille ans » à l’origine de la célébration de cet été. Château de Boussay millénairement vôtre mémoire commune cultures partagées 20 Expressions artistiques au pluriel et arts de vivre en Sud Touraine.
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