journal en commun - Hiver 2024 / N°8

En Commun : Quels sont les enjeux liés aux énergies renouvelables ? A.-F. Kerouedan : Il y a un enjeu très fort dans la solution à apporter au réchauffement climatique via ce que l’on appelle la transition énergétique et écologique. L’enjeu est de changer de système énergétique qui est aujourd’hui, en grande partie, approvisionné par les énergies fossiles dont nous sommes très dépendants : il faudrait migrer vers des énergies renouvelables (EnR), qui ont un impact beaucoup moins important sur les émissions de gaz à effet de serre. C. Meunier : Nous avons deux leviers pour la transition énergétique : la sobriété énergétique pour réduire nos besoins et la production d’énergie renouvelable. Toute la question est de savoir comment produire suffisamment pour satisfaire des besoins qui évoluent, avec quelle technologie et comment mettre cela en œuvre à l’échelle d’un territoire. Pour le déploiement des EnR, au niveau national et même européen, nous sommes plutôt en retard par rapport aux objectifs qui ont été fixés et il y a aujourd’hui un vrai besoin d’accélération, d’où la loi d’accélération de 2023. A.-F. Kerouedan : Il y a aussi un enjeu très fort d’appropriation et de réappropriation de la production d’énergie par les territoires, les citoyens, les habitants. Pour permettre cela, Energie Partagée propose de développer des projets partagés d’énergie renouvelable avec des citoyens, des habitants ou des collectivités propriétaires, ce qui permet aux acteurs du territoire de récupérer une plus grande partie des retombées économiques liées à l’exploitation de ces projets. En Commun : Quel rôle joue la Communauté de Communes dans cette transition énergétique ? C. Meunier : Nous avons réalisé un Plan Climat Air Energie Territorial qu’il nous faut mettre en œuvre. Il y a des ambitions dedans, en matière de sobriété mais aussi des objectifs de production d’EnR à partir de la géothermie, de la biomasse, de la méthanisation ou du photovoltaïque. Nous voulons produire 109 % de notre consommation en 2050. Cela passe par une politique volontariste en agissant notamment sur les nombreux bâtiments dont nous sommes propriétaires. Nous allons par exemple installer des ombrières photovoltaïques sur nos plus gros parkings. Mais la principale force de frappe de notre Communauté de Communes, c’est l’ingénierie via son service Energie Climat qui permet d’accompagner les communes, les entreprises, les porteurs de projets. A.-F. Kerouedan : Les collectivités ont un rôle fort à jouer au niveau de l’exemplarité, elles ont aussi du foncier public disponible pour installer des EnR, c’est un enjeu clé. Depuis fin 2023, avec la loi d’accélération des énergies renouvelables, les communes doivent définir des zones d’accélération qui vont contribuer, chacune à leur échelle, à l’effort global d’EnR national. C. Meunier : La volonté est de trouver les potentiels et de voir quelles énergies on utilise et à quels endroits. Cela reste des potentiels, cela ne signifie pas que tous les projets vont se faire. C’est un exercice qui a plutôt bien pris au niveau de la Communauté de Communes, notamment parce que les services ont beaucoup accompagné les communes, qui de leur côté, ont presque toutes répondu. On a vraiment fait en sorte de ne pas oublier l’énergie chaleur (biomasse, géothermie, solaire thermique, récupération), Loches Sud Touraine porte en effet le contrat territorial de développement des énergies renouvelables thermiques qui permet à toute entreprise, association ou collectivité, d’obtenir 45 % de subvention minimum sur ces types d’installations. En Commun : Qu’est-ce que les collectivités locales mettent concrètement en place ? C. Meunier : Ce sont plutôt des actions isolées, avec des communes qui ont mis quelques panneaux, équipé un parking… mais ça n’est pas encore un déploiement massif. Deux parcs au sol sont en service. Le sujet c’est de mettre plus d’EnR, mais au-delà de la quantité, l’enjeu pour le territoire c’est surtout de faire les bons choix : quelle énergie est la mieux adaptée en fonction de l’endroit. L’idée n'est pas juste de produire un maximum pour exporter ailleurs, mais de créer un système d’autoconsommation qui peut inclure les entreprises, les particuliers et les collectivités, pour aller vers un développement territorial harmonieux. En Commun : Comment les citoyens peuvent-ils devenir acteurs de la transition énergétique ? C. Meunier : Les prix de l’énergie aujourd’hui font qu’il y a un intérêt à s’engager dans les EnR. Ce qu’il faut, c’est rassurer sur le passage à l’acte dans un cadre sécurisé. Nous proposons aux particuliers un accompagnement et un conseil France Rénov’ à travers la plateforme de l’habitat. Le plus simple c’est de mettre des panneaux solaires chez soi pour produire de l’électricité, mais en amont, il faut bien analyser ses consommations pour les réduire. La géothermie ou le chauffage bois, ça fonctionne très bien aussi et d’autant mieux si l’isolation a été bien travaillée. A.-F. Kerouedan : Une autre façon d’agir c’est d’investir collectivement dans les EnR et c’est l’objet de l’association Energie Partagée. Nous avons des projets menés par des associations locales ou des collectifs citoyens qui montent ensuite des sociétés citoyennes afin de développer, investir et s’approprier les projets. Leurs retombées économiques seront redistribuées au sein de la communauté ou du collectif citoyen. Nous avons plusieurs leviers. Un accompagnement des associations mais aussi un outil d’investissement, Energie Partagée Investissement, qui est une coopérative qui met à disposition des fonds. 40,5 millions d’euros ont été collectés au niveau national, auprès de 7 380 actionnaires citoyens. Pour bénéficier de ce fonds, les habitants et les collectivités doivent être présents au capital du projet, donc participer à la gouvernance qui décide de la réalisation et de l’exploitation du projet tout au long de sa vie. C. Meunier : Sur toutes ces questions-là, c’est important que tout ne vienne pas des pouvoirs publics et que les citoyens puissent avoir des idées, les faire remonter pour embarquer ou non des collectivités. On est loin d’être dans un système descendant. En Commun : Quel est l’état des lieux des EnR en Sud Touraine ? C. Meunier : Nous sommes à 12 % de production d’énergie renouvelable, en grande partie grâce au bois. L’objectif est à 109 %, donc le chemin est encore assez long. Nous avons beaucoup de foncier en Sud Touraine et une consommation relativement faible en raison de la densité de population peu importante. Les métropoles sont des gros consommateurs mais avec une capacité de production qui est moindre, donc nous pouvons être amenés aussi à produire pour exporter sur d’autres territoires. C’est notamment le cas en matière de gaz avec la méthanisation, nous avons un potentiel important, l’objectif de GRDF est de produire 100 % en gaz vert au niveau départemental. Sur certaines énergies, nous pouvons être exportateur net, pour autant la première étape serait de satisfaire nos propres besoins. On n’est pas plus en retard que les autres, ni plus avancé ! Les chemins sont tracés mais la dynamique de lancement est très lente et c’est le cas dans toute la France. A.-F. Kerouedan : Si on regarde les derniers bilans, au niveau régional on est à 15 % de production d’énergie renouvelable sur la consommation finale d’énergie, et au niveau national on est à 20 %. C’est normal qu’il y ait de l’inertie au démarrage, mais progressivement la machine se met en route. Pour toutes questions, projets, besoins d’accompagnement, contactez-nous ! • Vous êtes un particulier, appelez le 02 47 91 93 28. • Vous êtes une collectivité, une entreprise, un collectif citoyen, écrivez à : energie.climat@lochessudtouraine.com Anne-Fleur Kerouedan, chargée de développement territorial au sein de l’association Energie Partagée en Centre-Val de Loire et Cyrille Meunier, responsable du pôle Energie Climat de la Communauté de Communes Loches Sud Touraine, répondent à nos questions sur les grands enjeux territoriaux, les objectifs, les freins mais aussi les projets et accompagnements liés au développement des énergies renouvelables. Avant de s'engager dans les énergies renouvelables, il faut analyser ses consommations pour les réduire terre commune en commun • hiver 2024 21

RkJQdWJsaXNoZXIy MTAyMTI=