journal en commun - Été 2023 / N°6

Produits phytosanitaires en agriculture : comment faire mieux avec moins ? L’évolution des normes, l’intérêt pour la protection de l’environnement, et/ou la recherche d’économies financières amènent les agriculteurs à s’interroger sur leur utilisation des produits phytosanitaires. En partenariat avec la Communauté de Communes, des organisations et des associations professionnelles, des céréaliers du Sud Touraine explorent de nouvelles pistes. Témoignages. Désherbage mécanique L’univers quotidien de Cyrille Dessard, gérant de l’EARL Bois Chevé à Sepmes, s’étend sur quelques 145 hectares de parcelles principalement semées de colza, blé, pois et tournesol. Il s’est saisi d’une proposition de la fédération des CUMA (Coopérative d’utilisation de matériels agricole), du GDA de Ligueil (Groupement de développement agricole) et de la Communauté de Communes : l’essai d’un matériel de désherbage mécanique sur ces terres du plateau de Sainte-Maure. L’objectif : substituer les désherbants chimiques. « Ici, la terre se travaille bien tant qu’il ne pleut pas, sinon elle durcit. Le désherbage bien mené des cultures de printemps permettrait de diviser la dose de désherbant par cinq. » L’atout est également agronomique : un sol « crouté » bien biné est plus perméable et favorise la réserve en eau. « C’est aussi valable pour mes colzas. Même si je ne bine pas tous les ans à cause de la météo ». Après cette intervention, le céréalier ajoute de la fiente de poule qui réactive la matière organique de la parcelle. Cyrille Dessard est plutôt satisfait de son engagement : « il est important de s’emparer de ces essais et c’est bien qu’ils soient financés. Nous devons tous faire des efforts. L’essentiel est de ne pas interdire les produits phytos sans proposer de solutions. » Maxime Galland est installé avec deux associés en polyculture et élevage porcin qu’il transforme directement sur la ferme familiale à l’origine du label Le Roi Rose à Betz-le-Château. C’est lui qui gère la production de céréales sur environ 220 ha consacrés à l’alimentation des animaux. Au menu : maïs, blé, orge, pois, féverole, colza et un peu de tournesol. « Nous souhaitons devenir autonome », explique-t-il. Le mélange pois-féverole, tourteaux de colza et tournesol a remplacé le soja pour l’engraissement des bêtes. « En France, la tendance est au développement de ces protéines. Mais la recherche est à la traine, d’où les essais de cultures associées permettant de limiter les fongicides grâce aux bénéfices tirés des deux cultures, tout en maintenant les rendements. » Les essais regroupant au moins deux cultures dans une même parcelle sont menés avec le soutien de Loches Sud Touraine, en partenariat avec la Fredon (Fédération régionale de défense contre les organismes nuisibles) et le Gabbto (Groupement des agriculteurs biologiques et biodynamiques de Touraine). « Les bio ont de l’avance sur ce thème et sont une source d’inspiration, mais le mélange de cultures n’est pas forcément une solution miracle en termes de rendement. De plus, il faut trier après la récolte. » L’avantage de l’association de cultures ? « Les plantes se complètent avec leurs deux systèmes racinaires différents. » On constate qu’en développant les micorhizes*, la plante ralentit la progression de la maladie, « nous utilisons donc moins de fongicides. » Mais la qualité des sols, la limitation de l’érosion, le développement de la biodiversité par l’amélioration de la qualité biologique restent déterminants pour l’exploitant. « Parfois je me trompe, mais j’apprends de mes erreurs. Il faut faire des essais en essayant de travailler sur tous les fronts. » Cyrille Dessard à Sepmes : « L’essentiel est de ne pas interdire les produits phytos sans proposer de solutions » Maxime Galland à Betz-le-Château « Parfois je me trompe, mais j’apprends de mes erreurs » *associations symbiotiques contractées par les racines des végétaux avec certains champignons du sol. Association de cultures terre commune 18 Aménager, entretenir et préserver notre ruralité.

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