journal en commun - Été 2023 / N°6

Pourquoi Loches Sud Touraine est-elle engagée dans la réduction des produits phytos ? G.G : « Les essais que nous menons avec nos partenaires complètent nos actions déjà engagées autour de la préservation des cours d’eau et de leur périmètre. Faire ce travail localement est important car les conditions pédoclimatiques étudiées dans le cadre des essais doivent être celles que vivent quotidiennement les agriculteurs concernés. Rappelons que ces essais sont menés dans le cadre d’un contrat territorial financé par l’Agence de l’eau Loire Bretagne, la Région Centre-Val de Loire et le Département d’Indre-et-Loire. » La Communauté de Communes travaille avec de très nombreux partenaires… G.G : « Oui car c’est important pour nous de tester, d’expérimenter, d’être attentifs à toutes les initiatives engagées. Outre les expérimentations menées à Sepmes, Betz-le-Château et Bossay-sur-Claise (voir articles ci-contre), on peut citer aussi le programme que nous menons avec le groupe Soufflet Agriculture. L’idée est de mettre en place un programme comparatif de désherbage entre les traitements chimiques, mécaniques, et mixte, sans avoir recours aux molécules que l’on peut retrouver dans les cours d’eau du bassin versant de l’Esves. Nous réalisons aussi avec le Gabbto, des tours de plaine, des visites de ferme pour partager les techniques utilisées en agriculture biologique avec les autres exploitants agricoles du territoire. » 2 questions à... Guillaume Guérineau, animateur eau & environnement à Loches Sud Touraine « J’exploite 240 ha en grandes cultures : blé, orge, colza, féverole d’hiver, maïs et tournesol. Je stocke et sèche si besoin l’intégralité de ma production et la vends en direct, ce qui me rend autonome. » En 2002, Jean-François Varvou s’est séparé de sa charrue « dans une conjoncture compliquée ». Il s’engage progressivement dans une simplification du travail et démarche d’agriculture de conservation des sols (ACS). « Nous travaillions alors en groupes thématiques au sein de notre GDA avec la chambre d’agriculture et des collègues déjà en ACS qui m’ont donné envie d’essayer. En parallèle, j’ai intégré un « groupe 30 000 »* intéressé par la réduction des produits phytos et par le respect de la vie du sol sur notre bassin versant ». Après de nombreuses formations et visites d’exploitations en ACS, J.F Varvou comprend qu’un sol vivant est beaucoup plus résilient face aux aléas climatiques : « il respire grâce aux vers de terre, c’est leur maison qu’on détruit en labourant ; aujourd’hui, je ne m’interdis rien ! » Compliquée à mettre en œuvre, l’ACS est « une obligation en zone vulnérable comme la nôtre. » L’objectif est de couvrir les sols en automne et hiver avec un maximum de variétés dotées de systèmes racinaires différents : légumineuses, radis chinois, seigle, vesces, etc. Ils remontent des éléments fertilisants à la surface et nourrissent ainsi les vers de terre. « Des essais réguliers permettent d’évaluer les réussites et les échecs, c’est passionnant d’être toujours en recherche de solutions. » Le couvert végétal évite également l’érosion du sol dû aux excès de pluie l’hiver. L’ACS est aussi synonyme de réduction des heures de travail dans les champs d’usure du matériel, etc. « sans compter qu’un tracteur, ça coûte cher. En contrepartie, j’investis dans un matériel de pulvérisation ou de semis plus performant et précis. » Le temps économisé est consacré à la formation et à l’observation. « Mes rendements se sont même un peu améliorés. » En termes de traitement, la tendance est à la limitation et à l’optimisation des fongicides. « Mais si le blé est malade, je n’ai pas d’autres choix que de traiter, et dans la mesure du possible, je le fais en dose réduite. » Les pistes d’amélioration ne manquent pas, « mais nous sommes encore bridés par le prix des matériels. » Jean-François Varvou à Bossay-sur-Claise : « C’est passionnant d’être toujours en recherche de solutions » Agriculture de conservation des sols *Collectif d’agriculteurs qui se regroupent pour mettre en place des systèmes et des techniques économes en produits phytopharmaceutiques. terre commune 19 en commun • été 2023

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