journal en commun - Hiver 2024 / N°8

Quel état des lieux faites-vous de la ressource en eau en Sud Touraine ? Les 4/5e des masses* d’eau superficielle du territoire présentent des risques hydrologiques en termes de quantité, notamment en période de basses eaux depuis plusieurs années. Pour illustrer, un exemple marquant : le bassin versant de l’Esves qui résistait aux assecs (rivières à sec) finit aussi par perdre brutalement son débit. Des travaux, par exemple pour réduire l’évaporation des cours d’eau, sont menés pour agir contre ce phénomène. Justement, comment préserver cette ressource tirée des nappes souterraines ? Loches Sud Touraine agit conjointement sur les cycles de l’eau : le grand cycle naturel et le petit cycle (captage, traitement, distribution, assainissement). La collectivité a ainsi une vision plus globale des enjeux et les moyens d’agir préventivement. C’est plus efficace et plus économique qu’une intervention curative. Maintenir l’accès à la ressource en la gérant, en l’économisant est essentiel pour continuer d’attirer de nouveaux habitants ou de nouveaux industriels. 2 questions à Rémy Lionnais, chargé d’Intervention Agence de l’Eau Loire Bretagne - délégation Centre-Loire *Bassins versants (lit principal et affluents) constituant des unités hydrographiques de référence. L ’eau est un atout pour l’attractivité d’un territoire La ferme où pluie et sol font bon ménage Agriculteur à Loché-sur-Indrois, Christophe Gourdain pratique l’agriculture de conservation des sols qui permet de réduire de moitié les besoins en eau des plantes. « Cette méthode de conduite des cultures s’appuie sur trois piliers : la couverture permanente des parcelles par des plantes destinées à protéger et à nourrir les sols, le semis d’espèces diversifiées dans une rotation des cultures et enfin le semis direct sans travail de sol .» Les bénéfices sont notables. « Je n’ai plus peur de la pluie car le sol a gagné en porosité naturelle par l’action conjuguée du système racinaire et de la faune du sous-sol. Je ne mets plus jamais de bottes et en sortie de champ, il n’y a pas d’eau sur la route. Elle est percolée verticalement et se stocke mieux en sous-sol ce qui favorise l’humidité du sol en période de manque d’eau. » AMI Ingrédients se concentre sur l’eau AMI Ingrédients est un distributeur et reconditionneur de matières premières cosmétiques et alimentaires à Tauxigny-Saint-Bauld. La société s’efforce de réduire les consommations d'eau requises pour le nettoyage des canalisations qui acheminent les matières premières via une ligne de reconditionnement semi-automatisée. Un système de raclage permet d’abord de récupérer les résidus de matières premières dans les canalisations pour limiter les besoins en eau. Un évapoconcentrateur permet ensuite de traiter les effluents de lavage et de réutiliser une bonne partie de l’eau dans le process de nettoyage. En 2023, sur les 350 m3 d’eaux de lavage générées, 270 m3 ont été traités par évapoconcentration. En 2024, AMI Ingrédients veut traiter 100 % de ses eaux de lavage par évapoconcentration. Chédigny presque au régime sec Comment maintenir le fleurissement tout en réduisant l’arrosage des plantes et massifs ? « Grâce à des mesures d’économie d’eau », assure Clément Barret, chef-jardinier du village-jardin de Chédigny. Cela comprend la suppression des jardinières et autres suspensions, à l’exception de ces grosses jardinières placées en entrée de village pour ralentir les voitures, qui sont équipées d’Oyas, des pots en argile poreux qui diffusent l'eau naturellement. Planter en pleine terre réduit considérablement les besoins en eau. Ainsi, les platesbandes longeant la rue principale sont alimentées au goutte-à-goutte par l’eau du ruisseau uniquement en cas de besoin. « Et nous paillons de plus en plus en choisissant des plantes moins gourmandes en eau. » Ligueil protège sa vallée, sa rivière et ses sols La ville de Ligueil applique une politique d’acquisition foncière volontaire pour protéger et restaurer la vallée de l’Esves. « Nous avons restauré des prairies en fond de vallée pour offrir une zone d’élevage de qualité laissée en location à un agriculteur », précise le maire, Michel Guignaudeau. Ces zones humides naturelles profitent désormais à la biodiversité et soutiennent l’élevage. « L’eau doit être conservée sur place et sous la forme la plus propre qui soit. Chaque fois que cela sera possible, nous ferons l’acquisition de nouvelles parcelles dans la vallée. » terre commune en commun • hiver 2024 23

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